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— LE LIVRE DES FEMMES. —

ineffaçable ; et elle serait promptement suivie de beaucoup d’autres ; car, comme l’avait dit Roger, le temps pèse sans pitié sur les femmes ; il leur impose sa main lourde et impitoyable à elles, faibles créatures qui ne vivent que d’illusions et d’amour. Ce temps inexorable les stigmatise de son empreinte ineffaçable ; mais il ne touche ni à leur cœur, ni à leur raison ; il leur enlève bien leurs moyens de plaire ; mais il les laisse avec une âme brûlante, une imagination irritable, et il faut qu’elles soient ou ridicules ou malheureuses.

Je passai vingt-quatre heures dans un état d’irritation dont je ne me souviens encore qu’en tremblant. Hélas ! après l’indignation et la colère, l’amour reprit son empire. Il s’était quelquefois refroidi par le changement d’Arthur, et il revenait avec une nouvelle violence poussée par une jalousie dont j’essayais de mépriser l’objet. Vainement voulais-je écraser de