Page:Collectif - Heures du soir 03.djvu/328

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
322
— LE LIVRE DES FEMMES. —

Je n’étais point restée debout pendant cette révélation que Dieu m’avait envoyée sans doute comme une punition des fautes de ma vie. Aux premières paroles qui m’avaient révélé que je m’étais abusée en m’imaginant qu’Arthur m’aimait toujours, j’étais tombée sur un fauteuil placé près de la porte, et bien m’en avait pris, car je sentais tout tourner autour de moi, et une douleur poignante s’établir dans mon cœur ; douleur amère, indéfinissable, en ce qu’elle était mêlée de sentimens entièrement opposés. Mon désespoir allait jusqu’à la frénésie, ma colère jusqu’à la haine ; et à chaque parole que j’entendais à travers un pénible bourdonnement, je sentais toutes les illusions, tout le charme de ma vie remplacé par un froid glacial, et un froid qui ne devait jamais quitter entièrement mon âme. Quoi ! cette voix que j’avais tant aimée, c’était elle qui me rejetait dans un monde aride, dans un