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— LA PREMIÈRE RIDE. —

dans ma chambre à coucher pour les y déposer. La porte qui donnait dans le salon n’était que légèrement poussée, je marchais sur des tapis, on ne pouvait m’entendre. J’ôtai mon schall, mon chapeau, et j’allais entrer quand la voix ironiquement amère de Roger m’arrêta :

« Vous avez eu tort, mon cher Arthur, prononçait-il de son ton tranchant ; et ce n’est point la première fois que je vous dis que le mariage que vous allez faire ne convient nullement à un homme jeune et brillant comme vous. Car, ne vous y trompez pas ; une fois marié vous serez obligé, pour avoir la paix, de renoncer à vos goûts, à vos amis. Moi, par exemple, croyez-vous que je m’abuse ? on me ménage encore un peu ; mais quand on sera la maîtresse, on m’éconduira doucement : ma brusque franchise et mes plaisanteries s’accordent si mal avec les ruses des femmes !

— Madame Derby est bonne et géné-