Page:Collectif - Heures du soir 03.djvu/319

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
313
— LA PREMIÈRE RIDE. —

vans je me sentis tellement abattue, que je lus incapable de soutenir l’entretien d’Arthur et de son inséparable cousin. Sans doute ils prirent ma tristesse pour de l’humeur, et je pus juger combien ils me trouvaient peu aimable, par l’empressement qu’ils mirent à me quitter.

Cependant les préparatifs de mon mariage s’avançaient, et malgré la froideur de M. de Seignelay, même celle que j’affectais, rien ne paraissait changé. Ma fortune était en très-bon état, et je me réjouissais en pensant qu’Arthur pourrait tenir un train de maison plus agréable qu’il ne le croyait lui-même ; et peu à peu entraînée par ces illusions de femme qui dominent notre caractère, je me disais que j’avais tant de moyens de le rendre heureux, qu’il m’avait montré naguère tant d’amour, qu’il était impossible qu’il ne m’aimât pas encore ; peut-être aussi espérais-je en sa reconnaissance.