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— LE LIVRE DES FEMMES. —

suivant qu’il se conformerait ou non à sa volonté. — Et cette volonté était qu’Arthur ne se mariât jamais. Le vieillard avait éprouvé jadis une de ces grandes catastrophes conjugales qu’il avait traitée plus tragiquement qu’on ne le fait ordinairement dans la société. Et cet événement lui avait semblé d’autant plus funeste, qu’il l’avait rendu l’assassin de son meilleur ami, qui, comme tous les meilleurs amis, avait, il est vrai, séduit sa femme. Cependant la vengeance que le grand-père d’Arthur avait tirée de son affront lui avait paru à lui-même si cruelle que sa raison en fut un instant altérée. Il l’avait retrouvée ; mais son mépris pour les femmes, son horreur pour le mariage avaient survécu et ne cédaient à aucun raisonnement ; enfin, il préférait que son petit-fils fût toute sa vie le séducteur des femmes des autres que la dupe de la sienne.

Orphelin, élevé par son grand-père,