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— LE LIVRE DES FEMMES. —

séduction puissante près de moi, femme sensible, romanesque et lasse de mon isolement ; aussi lui livrai-je mon âme tout entière, et fûmes-nous unis par les liens les plus forts et les plus sacrés. Nos sociétés, nos plaisirs, nos opinions devinrent les mêmes ; ma volonté, mes désirs furent soumis à ceux d’Arthur ; j’allais au-devant de tous les sacrifices qu’il aurait pu me demander, et de son côté, il n’en était pas qu’il ne fût prêt à me faire. Le monde même nous devint indifférent, et si nous y parûmes encore, c’est qu’il est des devoirs qu’il faut briser tout-à-fait ou remplir quelquefois. Mais qu’elles nous paraissaient pénibles à sacrifier, ces heures qui me semblaient si vite écoulées lorsque nous étions seuls ! comme nos regards, attristés quand nous nous quittions, ne fût-ce que pour un instant, révélaient notre douleur, et comme cette douleur resserrait nos liens ! Aussi avec quelle douce et aima-