Page:Collectif - Heures du soir 03.djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
290
— LE LIVRE DES FEMMES. —

cune au moment du malheur ; et quand il fut impossible à mon mari de quitter son appartement, et que les compagnons de ses débauches, les complices de ses torts envers moi, l’abandonnèrent, je ne l’abandonnai point moi, et, compagne plus fidèle de ses douleurs que je ne l’avais été de sa jeunesse et de ses plaisirs, ce fut moi qui lui présentai la potion qui calmait ses souffrances, qui le replaçai plus commodément sur sa couche, qui le consolai enfin, car la voix qui nous fut chère trouve encore le chemin de notre cœur, quand les autres le blessent et l’affligent.

Mais, quels que fussent mes soins, mes prières, — qui ne prie auprès du lit d’un mourant ! — M. Derby succomba dans la force de l’âge et regrettant amèrement la vie. Je le pleurai avec sincérité, car jamais aucun de mes sentimens ne fut joué ; mais je n’éprouvai point cette douleur violente et sans consolation qui doit briser