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— LE LIVRE DES FEMMES. —

rieur n’existait plus. Je me dis que la vie d’une femme était manquée quand elle ne rencontrait pas l’amour dans le mariage, et qu’elle devait se résigner et s’étourdir sur une destinée qu’elle ne pouvait changer. À l’aide de ces faux sophismes je devins la femme la plus coquette, la plus frivole, et loin de ramener mon mari, je le rejetai dans la mauvaise compagnie où la faiblesse de son caractère ne le poussait que trop.

Mes parens essayèrent de me faire quelques observations, mais je leur répondis, avec une dignité que je crus de très-bon goût, qu’ils avaient perdu le droit de m’adresser des représentations en choisissant si mal pour moi, et que, n’ayant aucun reproche sérieux à me faire, je croyais au contraire mériter les éloges de tout ce qui m’entourait.

C’était encore une des fautes de mon éducation, que de me persuader que tout m’était permis parce que je ne manquais pas