Page:Collectif - Heures du soir 03.djvu/291

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
285
— LA PREMIÈRE RIDE. —

ne plus m’aimer. Après les larmes vinrent les scènes, et après les scènes le refroidissement. Il y eut bien dans les premiers temps quelques réconciliations, mais ce n’était que l’effet d’un pâle soleil d’hiver qui ne fond que pour un instant une glace épaisse. Aussi nos querelles devinrent chaque jour plus fréquentes et nos raccommodemens plus rares. Enfin, nous nous trouvâmes trop indifférens l’un envers l’autre pour nous disputer encore, et alors je reconnus que mon mari ne possédait ni esprit, ni instruction. Son sourire, qui m’avait paru si charmant, me sembla alors plus qu’innocent ; je le comparai à d’autres hommes, enfin : c’était déjà un grand tort, et pourtant je ne m’arrêtai pas à celui-là. Je me dis que puisque mon mari ne méritait pas que je l’aimasse, je ne lui devais que de ne pas en aimer un autre, et qu’il ne m’était pas défendu de chercher des distractions, puisque mon bonheur inté-