Page:Collectif - Heures du soir 03.djvu/282

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
276
— LE LIVRE DES FEMMES. —

s’était passée sans orages, leur âge mûr ne s’embellissait d’aucuns souvenirs, et le reste de leurs jours s’écoulait dans cette existence passive qui n’est ni du bonheur, ni du chagrin : elles s’ennuyaient même sans savoir ce que c’était que l’ennui.

Il y avait trois ou quatre femmes de ce caractère au château de la Verpillière ; celles-là se levaient tard, se couchaient de bonne heure, et ne s’inquiétaient des heures que quand il fallait se mettre à table. Mais il y en avait aussi d’autres brillamment dotées par la nature : jetées dans le monde avec une organisation riche et malheureuse à la fois, celles-ci n’avaient point, malgré leur absence de jeunesse, ce regard calme et impassible qui dénote une âme sans passions, et les ravages du temps n’avaient pas seuls ôté l’éclat à leurs yeux, la fraîcheur à leur visage. Celles-ci n’attendaient point avec tranquillité le retour des