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— LE DERNIER RÊVE. —

m’empêcher de m’écrier, en cachant mon visage dans son sein : « Oh ! amie, amie ! »

Quel bien elle m’offrait ! Mais était-il possible ? ma destinée pouvait-elle fléchir jusque là ? N’était-ce point plutôt une de ses ironies, quelque nouvelle déception de l’espérance ? J’étais torturée, et je me roidissais toujours contre son empire. J’abrège tout ce qu’elle continuait à me dire de tendre, de suave et de fascinateur ; je sentis qu’il n’y avait que la fuite pour lui résister, et je résolus de ne plus la revoir. Elle me dit que c’était mal, très-mal ; elle me fit des reproches, et m’effraya vraiment du tort de tourmenter un cœur en le laissant dans l’incertitude sur mes sentimens. Mais je ne les connaissais pas si clairement moi-même que je les pusse définir ; je ne les avais jamais réfléchis dans la lumière quelle m’avait montrée. Je m’enfuis le cœur troublé et fermentant des pensées qu’elle avait soulevées en moi.