Page:Collectif - Heures du soir 03.djvu/258

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
252
— LE LIVRE DES FEMMES. —

fille eût fait un choix si sérieux ; qu’elle eût éloigné les amis de son âge et de son pays, pour un austère passager dont la mission en ce monde était de l’initier aux mystères de la douleur ; mais si cela était… et elle bouleversait tout mon cœur. Cependant je réunis toutes mes forces pour lui résister en gardant le silence ; seulement une fois, je ne sais ce qui m’échappa, mais elle répartit en riant, mondaine et céleste qu’elle est tour à tour : « Autant que je puis comprendre, voilà beaucoup d’espoir pour lui. » Je refusai de m’expliquer et elle me tourmenta encore. Pour mieux me vaincre, elle me flattait de ne la quitter jamais ; elle me disait : « Je vous parlerai aussi de moi ; quand vous m’aurez donné votre confiance je vous donnerai la mienne. Je vous dirai ce qui m’affecte ; car, bien que ma destinée ait semblé brillante et enviable, je n’ai pas été sans souffrir » C’en était trop, et je ne pus