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— LE DERNIER RÊVE. —

rire tous les visages, harmonie tous les cœurs, et ramené à de hautes questions d’intérêt général et immortel ceux qui auraient voulu ne s’adresser qu’à elle, elle vint me prendre à part, et me conduisit dans un enfoncement obscur d’où l’on voyait, avec une illusion nouvelle, le portrait magique de l’amie admirable qu’elle avait perdue. Mais ce n’était pas seulement pour me la montrer, et je puis dire que dans ce moment ce souvenir me saisissait plus qu’elle, qui ne pensait alors qu’à me consoler. Elle me fit asseoir auprès d’elle, m’embrassa et me prodigua les caresses et les paroles les plus insinuantes. Elle voulait que je lui ouvrisse mon âme, que je lui disse la cause de mon deuil ; ajoutant que peut-être elle y pourrait quelque chose, et ce peut-être était plein de puissance : il semblait dire : « Si c’est ce que je pense, votre bonheur est entre mes mains. » Seulement elle pouvait à peine croire qu’une si jeune