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— LE DERNIER RÊVE. —

mourir, mais non sans avoir réalisé quelque ombre d’une ardente pensée de mon cœur, et je ne savais pas souffrir encore.

Alors je me souvins d’un bon génie que l’avais vu passer autrefois dans les heureuses visions de l’adolescence, alors que je n’étais pas orpheline et que j’imaginais l’avenir.

Son regard n’était pas descendu sur moi, mais j’avais entendu sa voix ; et d’après sa voix je m’étais représenté son âme et son regard, et j’avais toujours désiré ce regard. Il me semblait qu’il était infini, qu’il pénétrait tout l’être et révélait le ciel. 11 avait négligé d’ailleurs son enveloppe terrestre ; voyageur parmi nous, il ne s’était pas revêtu de sa gloire, pour ne pas s’attirer de vains hommages, pour n’être pas un objet d’idolâtrie, mais cher et sacré seulement à ceux dont l’âme sympathique saurait le reconnaître. Il ne voulait pas séduire le cœur des faibles mor-