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— LE NEVEU DE MOURAT-BEY. —

pardonne, l’épuisement et le malheur rendent crédule aux présages… tu m’aimes, oui, tu m’aimes du fond de l’âme. Ce n’était point une volupté passagère que tu cherchais près de moi ; entre la possibilité de me voir un instant pour satisfaire tes désirs, ou le bonheur de me voir constamment, comme si je n’étais que ta sœur, tu n’aurais pas hésité, et mon cœur est heureux d’en avoir la certitude ! Les vents seuls auront donc retardé ta marche, et ton impatience égale sans doute la mienne ! »

Elle dit, et déjà le gouverneur de Kéné venait recevoir la princesse aux portes de la ville. Conduite au caravansérail dont la terrasse domine le Nil, Zuhra demande du repos afin d’être seule.

La lune glissait depuis long-temps sur les eaux du Nil ; la brise balançait mollement les lotus de ses bords, et Zuhra