Page:Collectif - Heures du soir 03.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
— LE NEVEU DE MOURAT-BEY. —

ver intacts ces premiers dons du ciel, le désert est là comme retraite assurée contre la corruption du monde, et comme dernier refuge de la liberté… Viens, je puis l’entendre sans honte, viens me rappeler cette mosquée de Desouck. Comme il est doux, ce souvenir de notre amour ! Qu’avec bonheur je me rappelle qu’attentive pour toi seul, mes oreilles, fermées à tous les bruits, n’écoutaient que ta voix ; mes yeux, indifférens à tous les regards, ne voyaient que les tiens… Dans l’extase où me jetait ce ravissement, mes lèvres entr’ouvertes attendaient ton sourire pour sourire, et ma vie suspendue attendait ton haleine pour respirer. »

Zuhra, entraînée par ses souvenirs, allait continuer, lorsque l’émir donna le signal du repos. On arrivait sur un tertre qui dominait le Nil ; un vaste bananier ombrageait l’ancien tombeau d’un santon révéré dans ces lieux. La plus belle vé-