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— LE NEVEU DE MOURAT-BEY. —

ce départ pour rejoindre Noureddin dans la haute Égypte ; mais au moment d’accomplir les promesses qu’elle lui fit, son âme chancelle, et toute la tendresse de son père revient à sa pensée. Prosternée devant l’autel, elle n’a plus la force d’agir, et si l’émir ne l’eût relevée et entraînée vers le palanquin du départ, elle serait restée.

La caravane apercevait déjà les pyramides de Gizéh[1] que Zuhra n’était pas sortie de sa rêverie et de son abattement. Ses yeux baissés, son silence, indiquaient assez sa préoccupation ; tout chez elle se passait dans l’âme. La vue de Gizéh, la vue des kiosques élégans qui embellissaient les vastes jardins d’orangers de l’ancien chef des Mameloucks ; ces galeries aériennes qui paraissaient diaphanes au

  1. On commença à détruire les pyramides de Gizéh sous Saladin, pour rétablir les murs du Caire. Mourat-Bey y fit construire un palais et créa des jardins délicieux.