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— LE NEVEU DE MOURAT-BEY. —

sions inconnues à nos climats ? Et vous croyez que l’absence me changerait ?… Non, le flambeau porté par l’esclave peut s’éteindre par la brise du soir, mais l’incendie s’accroît par le vent de la tempête… Placé dans les cavités souterraines de la terre, ou dans le septième ciel du Koran, partout je serais le même… Ô Zuhra ! viens que je m’abreuve encore de cette liqueur empoisonnée ! viens, fille des Houris, je te salue comme la lueur étincelante qu’aperçoit le pèlerin la dernière nuit de son voyage ; je te cherche comme le pélican du Nil écarte les roseaux pour trouver le lit de ses amours… Va, le pouvoir, je ne l’ambitionne plus ; la gloire d’Ibrahim m’est indifférente. Seul avec toi, je voudrais vivre loin des hommes… Ah ! si l’on pouvait voir leur cœur à découvert, on les fuirait avec horreur !… Toujours trompé, je n’ai trouvé que toi candide comme les Houris du Prophète, pure