Page:Collectif - Heures du soir 03.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
10
— LE LIVRE DES FEMMES. —

la voit se défendre de la raison comme on se préserve d’un danger. Son appréhension est fondée sur les étranges douleurs qu’elle lui cause, lorsqu’elle ne parvient plus à en étouffer les inspirations.

« N’avez-vous pas encore lu ce livre ? dit madame d’Esnelle à sa nièce, qui regardait un roman nouveau. Le titre en est bizarre ; il paraît vous surprendre.

— Je l’ai lu, répondit avec nonchalance madame de Golzan.

— Et vous n’avez pas pu le comprendre. Cette société corrompue n’est pas la société de nos jours, dit M. de Celnarre, d’un ton parfaitement naturel. Ces femmes qui se jouent des sentimens, de la vie des hommes, n’ont plus de modèles dans nos salons. Il règne plus de franchise, plus de générosité dans les rapports. Les êtres disgraciés de la nature rencontrent quelque pitié. La coquetterie ne se joue pas à faire naître des passions dont le succès