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— ESQUISSES DE VOYAGES. —

d’être forcée d’habiter la terre de votre vieille tante. Vous si affectueuse, si bonne ; vous mélancolique, attachée et penseuse, que feriez-vous ici ? ici, où le temps est si éparpillé qu’on ne peut en réunir de quoi penser pendant une heure !

J’ai voulu visiter leurs théâtres, et il faut bien m’en prendre à ma complexion de femme, car je n’ai pu me résoudre à partager leur passion du moment pour le sang et l’horrible Tout ce que je ressens, c’est que mon âme se glace d’épouvante et de dégoût. Mon Dieu ! n’y a-t-il donc plus d’intérêt dans les émotions nobles et chastes de la vie intérieure ! Plus de poésie dans la description de la nature, toujours neuve, toujours sublime !… plus de foi dans la religion, dans l’amour, dans l’amitié ! Encore une fois, que veut-on, et où va la société nouvelle ?

Mais je m’aperçois que je ne réponds pas à vos questions, à vos désirs. Vous vou-