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— BELLICA. —

Le corps de Matéo fut retrouvé dans le Gave, soit que le désespoir l’y eût précipité, ou que, sans aucun intérêt dans la vie maintenant, son pas incertain l’y eût fait tomber.

Le lendemain, le pâtre assis, tranquille, non loin du vieux sapin, regardait avec insouciance ses chèvres broutant l’herbe savoureuse et ses hardis chevreaux bondissant sur la crête des rochers ; toute la contrée prit le deuil, et le respect que l’on portait à cette femme, que tous les malheureux chérissaient comme leur bienfaitrice, empêcha de pénétrer le mystère qui avait causé sa mort. Les pauvres la pleurèrent comme une mère ; son nom se confondait avec celui de la Providence. Jamais il n’avait été besoin d’implorer sa pitié, et son âme ingénieuse devinait le malheur, en dissimulant des bienfaits qui eussent pu faire rougir celui qui les recevait.

Telle fut la femme dont la mort fit ver-