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— LE LIVRE DES FEMMES. —

éprouve a triomphé de sa volonté. Un rayon de la lune éclaire tout-à coup le buisson. Bellica ne peut en croire ses yeux, elle respire à peine. Ô douleur ! don Celebès aux pieds d’une courtisane connue dans Grenade par sa beauté comme par le nombre de ses amans ! Il ne lui est plus permis d’en douter, et elle doute encore. — « Eh bien ! oui, disait Elvira, j’ai voulu recevoir tes sermens dans ce même lieu où tu reçois ceux de Bellica ; j’ai exigé cette preuve de ton amour ; j’ai voulu ce sacrifice ; et si tu n’avais consenti à ce rendez-vous, j’aurais dévoilé dans tout Grenade l’amour de Bellica ; je me fusse vengé de toi en t’oubliant, et d’elle en la vouant au mépris. Ma passion voulait jouir de ce triomphe d’un genre nouveau. »

Ses bras entouraient don Celebès, ivre d’amour ; et un nuage qui répandit une profonde obscurité sembla voiler la trahison et le parjure. Bellica, froide comme