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— BELLICA. —

peine ; je ne veux point faire partager à don Celebès les douleurs qui me dévorent ; je préfère qu’il puisse m’oublier et se consoler en doutant de ma constance. Vous le verrez, mon père… » Elle dit, et, plus légère que la biche qui fuit devant le chasseur prêt à l’atteindre, elle était déjà loin avant que la réponse du vieillard eut pût frapper son oreille : Maléo ne peut la suivre. Elle est à quelques pas du buisson, et, hors d’haleine, elle est prête à y pénétrer ; mais, ô surprise ! un son a frappé son oreille, et elle reconnaît la voix d’un amant qui plus que jamais lui est cher, au moment où elle va le sacrifier à ses devoirs. Elle veut fuir en se rappelant sa parole donnée au solitaire, mais ses pieds semblent collés à la terre. Elle écoute ; une voix de femme frappe son oreille. « Impossible ! » se dit-elle : douter de son amant lui paraîtrait un crime. Elle essaie encore de s’éloigner, mais le trouble qu’elle