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— LE LIVRE DES FEMMES. —

core il marchait derrière elle ; mais cette fois il gardait un respectueux silence ; car, habitué à deviner sa maîtresse, il lisait sur ses traits un profond chagrin et une grande résolution, bien qu’il l’ignorât ; aussi sa tristesse était-elle grande.

« Allons, Matéo (c’était le nom du serviteur), nous voilà bientôt arrivés, dit Bellica en arrangeant les plis de sa basquine ; tu dois être bien fatigué ?

— Par saint Jacques ! madame, j’en ferais bien d’autres pour vous et pour don Celebès. »

Bellica frissonna de tout son corps. Matéo, sans le remarquer, continua : « Si je voyais le croissant d’un Maure sur le haut du Canigan, et que vous ou don Celebès fussiez en danger, je monterais encore plus haut que cette montagne que vous voyez là-bas comme la pointe de l’aiguille qui pique les taureaux.

— Je le crois, » dit-elle ; et une grosse