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— BELLICA. —

remplissait son cœur, chacun restait étonné de la préférence qu’elle paraissait lui accorder. L’âme ingénue de Bellica avait été trompée par les apparences les plus séduisantes, et don Celebès avait pris tous les masques pour s’introduire dans son esprit : aussi ne fut-ce qu’après s’en être entièrement rendu maître qu’il manifesta des sentimens que l’on n’eut plus la force de combattre. Une funeste expérience de succès rendait ses séductions d’autant plus dangereuses, que, maître de lui, il calculait froidement l’effet de ses transports. Bellica, fière de son amour et trop franche pour feindre, eût sacrifié sa réputation même à son amant. Mais don Celebès, plutôt par égoïsme, avait exigé les plus minutieuses précautions, et une solitude inconnue des humains avait été choisie par lui, comme offrant une parfaite sécurité. Jamais solitude plus profonde ne fut plus propre aux