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— UN MARIAGE. —

Toute contrainte disparut à l’instant de la contenance de madame de Golzan. Elle le reçut avec ce naturel étudié, dernière expression de la grâce élégante des salons.

« Je vous attendais, » lui dit affectueusement la marquise. À ces mots, les regards d’Isabelle se portèrent sur sa tante : ils semblaient scruter jusqu’au fond de l’âme pour y découvrir la signification des mots qu’elle venait de prononcer, et du ton qu’elle leur avait donné.

La marquise avait plus de quarante ans ; elle pouvait encore passer pour belle. Son front conservait une admirable pureté ; un regard d’une bonté pénétrante révélait une vie écoulée sans trouble. Elle jouissait des privilèges de son âge avec cette confiance puisée dans les souvenirs d’un passé irréprochable.

« Oui, je vous attendais, répéta madame d’Esnelle. On m’a déjà annoncé votre départ.