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— UN MARIAGE. —

pas se ralentit encore, ses regards parcourent timidement toutes les directions… Quelqu’un épiait ses mouvemens. Ce n’est pas M. de Bresseval, mais son mari, qui est là, devant elle ; il a compté ses pas, il sait qu’elle devait venir, qui elle attendait.

Cependant son visage n’est point irrité ; il s’y manifeste au contraire une sorte de repos. C’est toujours la même ironie, sans générosité, sans pitié, comme sans colère. On croirait qu’initié à quelque infernal pouvoir, il lit la pensée à travers la physionomie. Fascinée sous ce regard, Berthe s’arrête, prête à demander grâce.

« Venez, dit M. de Celnarre ; quittez un embarras qui pourrait vous perdre, si je n’étais informé qu’à demi. Voici la lettre que vous écriviez à M. de Bresseval ; je l’ai reçue. Imprudente ! vous êtes arrêtée à temps. Vous croyiez devoir protéger la vie d’un homme qui vous aimait. Je vous le pardonne. Sans y songer cependant,