Page:Collectif - Heures du soir 03.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
6
— LE LIVRE DES FEMMES. —

pendance qui l’obligeait à cacher sa colère.

L’attitude humble de M. de Celnarre décelait l’expression d’un plaisir satanique.

Madame de Golzan se plaça dans une causeuse. Sa taille souple se dessinait gracieusement dans toutes les attitudes qu’elle prenait. Son pied d’enfant frappait légèrement les lions de bronze qui terminaient les chenets. La marquise regardait alternativement M. de Celnarre et sa nièce. Ses observations augmentaient sa surprise, jusqu’à lui ôter la présence d’esprit nécessaire pour faire cesser l’embarras d’Isabelle. Comment un homme d’une laideur aussi repoussante avait-il obtenu cet inexplicable empire sur une femme jeune, belle, entourée d’hommages et placée, par une sécheresse de cœur peu commune, à l’abri de la dépendance où les passions peuvent faire tomber ?

On annonça le comte de Bresseval.