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— UN MARIAGE. —

mêlé à tous les regrets de la vie qu’elle avait sacrifiée. Il n’y apparaissait plus pour les dominer. Si le vicomte s’était attaché à parler à son cœur, elle aurait pu l’aimer peut-être ; mais la défiance, l’ironie dont il s’était armé contre l’amour que Berthe lui inspirait, avaient à jamais rompu tout lien de sympathie entre leurs âmes. Madame de Celnarre ne sentait plus qu’un isolement profond dont elle ne cherchait pas à sortir. Sa raison lui refusait la consolation de révéler ses chagrins à sa mère, de lui livrer les regrets qui l’oppressaient : tout épanchement était banni de ses relations. La contrainte imposée tacitement lui aurait semblé plus douloureuse si elle avait fait quelque effort pour s’en affranchir. Aussi évitait-elle avec soin toute occasion de se trouver arrêtée par le charme invisible qui retenait sa volonté.

Berthe portait depuis plusieurs mois le nom de madame de Celnarre, lorsque la