Page:Collectif - Célébrités contemporaines, Vol 2, 1883.djvu/87

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sur une Chambre, ce n’est pas de la séduction. Toutes les Chambres ont des majorités d’hommes tranquilles qui n’aiment point à être dérangés. Mais la logique implacable, l’énergie concentrée de l’orateur, s’imposent au respect, à la conviction même de l’auditoire. On ne peut s’empêcher de subir l’influence de cette parole directe, qui attaque de front tous les obstacles ; s’il y a des murmures, des cris, ils se brisent sur cette résolution que rien ne fait dévier. C’est une rude entreprise que de tenir tête, de la tribune, à une Chambre presque entière ; que de suivre une démonstration, de conserver tout son sang-froid devant cinq cents auditeurs hostiles, malgré leurs perpétuelles rumeurs de mauvaise volonté, malgré les explosions de clameurs, alors qu’on a à peine une poignée d’approbateurs noyés dans le nombre. Ce n’est point dans les discours triomphants que l’on juge la trempe d’un homme, c’est quand il a une conviction assez profonde pour se heurter sans fléchir au sentiment dominant, et une parole assez forte pour s’imposer à la résistance d’une grosse majorité.

Quand on est capable de soutenir sans plier de telles défaites, on est capable, à plus forte