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réussi comme une de vos pièces ! » M. Sardou, qui eût fait un maître romancier, à la Dumas, avec la précision dans l’érudition en plus, cet encyclopédique Sardou, est, comme M. Legouvé, un lecturer de premier ordre. C’est, quoi qu’il dise, une joie pour les artistes à qui il destine les rôles de l’entendre lire une de ses pièces. Il les détaille, il les interprète d’une façon extraordinaire. Sa voix se plie à toutes les intonations des personnages. Il peint les indications mêmes des décors, il les montre, il les fait réellement voir. Il est un maître, là comme partout ailleurs. Aussi peut-on dire à ceux qui applaudissent ses comédies, jouées cependant par de merveilleux artistes : « Ah ! si vous les lui aviez entendu lire ! »

Je voudrais, après avoir conté les âpretés de ses débuts, montrer Sardou heureux, acclamé et honoré des lettrés, populaire dans le public, en pleine maturité et en pleine gloire, se reposant, sous ses grands arbres de Marly, avec Paris à l’horizon, entre ses beaux enfants et celle qui, fille d’un savant hors de pair, porte si dignement le nom éclatant du dramaturge. — Se reposant ! Je me trompe : travaillant sans cesse, lisant, classant ses gravures, compulsant