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Maintenant, c’en était fait. Sardou était Sardou. Il pouvait, déjà accablé de demandes, laisser, sans toucher un sou, le Bossu à Paul Féval ; il pouvait braver le sort ; on acclamait le nom de l’auteur des Pattes de Mouches ; on courait à Monsieur Garat ; on allait applaudir et réapplaudir Nos Intimes. Sardou était à présent le maître de sa vie. Il était mieux que cela : il était un maître, il avait la gloire, la popularité, le succès, et il n’avait pas trente ans !

Désormais sa route est tracée. Il aborde avec un bonheur inouï, un esprit d’enfer, une vivacité et une vitalité prodigieuse, la comédie satirique, gaie et dramatique à la fois, avec Nos Intimes, Nos bons Villageois, l’Oncle Sam ; il entre en bataille, avec une ardeur singulière, un mépris souverain et comme un appétit du danger, avec les Ganaches, Rabagas, Daniel Rochat ; il écrit les deux plus beaux drames de ce temps, Patrie et la Haine ; il triomphe encore dans la comédie intime, Fernande, Séra-

    nerveuse, leste et preste comme une vraie comédie de Beaumarchais. Et le jour même où les Premières Armes de Figaro étaient applaudies au boulevard du Temple, Théodore Barrière lisait aux acteurs du Palais-Royal les Gens nerveux, cinq actes par lui, Barrière et Victorien Sardou.