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deux mots sur l’affiche : la Taverne des Étudiants. Le bruit s’était répandu dans le quartier Latin que la pièce de ce débutant, protégé de l’administration, était une attaque commandée par le gouvernement contre la jeunesse des Écoles. Ô niaiserie de ces propos de brasserie ! Le bon Philoxène Boyer n’était point, paraît-il, étranger à la légende. S’il ne l’avait pas inventée, il la colportait dans le Quartier. Les étudiants étaient maîtres alors de l’Odéon. Il y avait encore un parterre. Le parterre était résolu à siffler et, au premier prétexte, il siffla.

On n’a plus de jeunesse, on n’a plus de pudeur !
Et l’on se croit savant ! et l’on se croit rêveur !

Ô tempête ! Injure à la jeunesse. Tapage, protestations. La première fut un orage ; la seconde représentation fut plus lamentable. Pendant une scène d’amour entre l’acteur Buthiau et Mlle Bérengère, le gaz s’éteignit subitement. Aussitôt un hourra formidable : « C’est immoral ! C’est odieux ! Vous insultez la jeunesse ! Il l’embrassera ! L’embrassera pas ! » La pièce fut jouée cinq fois.

C’était tomber du haut de bien des espérances. Mais l’auteur était jeune et brave, et