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plaisanterie dans une de ses comédies. Le débutant qui avait le même esprit que lui ne pouvait être qu’un homme d’infiniment d’esprit. Pièce reçue ! Il y a de ces infiniment petits hasards dans les grandes destinées.

Voilà Sardou fou de joie. Il habitait tout justement, maintenant, rue des Beaux-Arts, l’appartement occupé jadis par Ponsard, ignoré, mais à la veille de Lucrèce. Ponsard, Lucrèce, l’Odéon ! Il y avait là de la prédestination et l’auteur de la Taverne allait, à coup sûr, avant peu, être acclamé sur cette même scène comme l’avait été le poète du Dauphiné. En attendant, Sardou travaillait toujours pour les Biographies. Il avait donné Jérôme Cardan au Dr Hœfer pour Didot. Six ou sept mois de recherches condensées en quelques pages. Il se présente à la caisse : on lui compte trente-deux francs. Trente-deux francs ! C’était ironique. Il renonça aux travaux d’érudition comme il avait renoncé au journalisme.

D’ailleurs, le théâtre allait le venger de ces déboires. Le 1er  avril 1854, l’Odéon donnait à la fois la pièce en vers de Laluyé, Au Printemps, et la Taverne de Sardou. La direction avait eu la mauvaise idée de faire ajouter ces