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théâtre, la vie du théâtre ; vous en ferez, du théâtre ! Allez, piochez, recommencez ! Et pas de café, pas de vie de bohème, pas de temps perdu dans les coulisses. C’est devant sa table de travail qu’on arrive ! Et vous arriverez ! » Sardou emportait, avec son manuscrit, ces paroles réconfortantes du comédien : il ne devait jamais parler à Rachel, mais — comme la destinée est singulière ! — c’était chez un riche cousin de ce jeune homme, alors inconnu, c’était au Cannet, à la villa Sardou, que la tragédienne devait mourir.

Le conseil de Chotel était bon. Pour arriver, il fallait travailler ; mais pour trouver le temps de travailler, il fallait avoir la possibilité de vivre. Attristé par la perte de deux filles, l’une de quatorze ans, l’autre de douze, mortes dans la même semaine de la fièvre typhoïde, et découragé de cette vie parisienne où trente années d’un travail assidu ne lui avaient pas conquis la fortune, pas même l’aisance, le père de Sardou était retourné dans son pays et l’auteur d’Ulfra se trouvait seul, à vingt ans, sur le pavé de Paris, sans autre ressource que son instruction et n’ayant plus désormais à compter que sur lui-même. C’est ici que commen-