Page:Collectif - Célébrités contemporaines, Vol 2, 1883.djvu/349

Cette page n’est pas destinée à être corrigée.

premières notes datent de 1872. Depuis ce temps-là, il y a eu assez de ministres pour que j’aie pu emprunter des traits à l’un et à l’autre et quelque chose à tous ; mais je n’ai absolument visé personne. Ce n’est pas un homme politique que j’ai étudié, c’est la politique ; ce n’est pas le Ministre, c’est le Ministère. »

L’entourage d’un honnête homme arrivé au pouvoir, la tourbe des quémandeurs, des solliciteurs, des moustiques, des frelons encombrant son antichambre, voilà le véritable sujet du livre. Il y a un joli mot pour caractériser la misère de cette éphémère puissance : « — Oui c’est une belle position, le ministère, mais cela ressemble trop à un cerf-volant ; cela va très haut, seulement c’est presque toujours quelque galopin qui tient la ficelle !… »

Je ne sais qui a reproché à Claretie sa faculté d’assimilation dont je le louais tout à l’heure ; or ce qui est frappant, dans son œuvre, c’est qu’il a devancé, dans ses trouvailles, plus d’un écrivain ; son Robert Burat a précédé l’Affaire Clemenceau (1866) ; Une Femme de Proie (1867) est venue près de dix ans avant Nana ; le roman politique contemporain était abordé par lui dès 1868 avec Madeleine Bertin. Et cette