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nemment bourgeoise du « monde des lettres » d’aujourd’hui. Moins amusant pour la galerie, celui-ci a incontestablement gagné en considération comme en dignité.

Cette évolution se préparait dès 1860. Le mouvement d’opposition au régime impérial, qui devait éclater si énergiquement cinq ans plus tard, commençait à poindre chez la jeunesse et la rattachait à la politique que ses devanciers avaient un peu trop dédaignée. L’isolement dans lequel se produisaient ses aspirations à l’affranchissement, la perspective d’une lutte contre le colosse, dont personne, hors le Poète, n’avait entrevu les pieds d’argile, inspiraient à ces jeunes esprits une gravité précoce, leur imposait une sévérité d’études, de travaux, de tenue, présentant un très vif contraste avec le débraillé de sentiments, d’habitudes et d’allures que leurs prédécesseurs avaient affecté. C’est ce qui me frappa chez Jules Claretie.

Claretie écrivait alors au Diogène, ce journal qui, — suivant d’Hervilly, un autre de ses collaborateurs, — rétribuait sa rédaction « à beaucoup d’égards la ligne », et se trouvait néanmoins mieux servi que beaucoup de ses héritiers payant aujourd’hui en espèces plus trébuchantes.