roman sera écrit. Pour ma part, c’est l’homme que j’entends dessiner par des traits rapides.
La fuite réussit. Un jour, un télégramme parvint en France : « Rochefort a quitté Nouméa avec cinq de ses amis. » Quel émoi ! On ne comptait plus l’arrêter. L’Angleterre offrait son hospitalité. La Suisse ne refusait pas la sienne. Rochefort mit le pied à Londres, salua les Anglais et se rendit à Genève. Quelques mois, il ressuscita la Lanterne. Mais la Lanterne, à quoi bon ? À égayer l’étranger, sans espoir d’éclairer les Français. Le parti fut pris bientôt. Rochefort coupa court à sa publication, et se fit correspondant du Rappel, du Mot d’ordre, du Réveil, des Droits de l’homme, successivement. Un correspondant comme il en est peu : de loin, il dirigeait toute une politique, et, s’il profita de l’amnistie, il a le droit d’affirmer qu’il travailla fortement à l’imposer.
Cependant sa collaboration par delà les frontières ne l’absorbait pas tant qu’il ne songeât à satisfaire d’autres ambitions.
Il s’attacha à grossir son bagage littéraire. Il avait écrit déjà deux romans, les Naufrageurs et les Dépravés. Il y ajouta l’Evadé, le Palefrenier, des récits de voyage,