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terrible qui résultait pour lui de la nécessité de veiller à l’alimentation de Paris, M. Jules Ferry ne recula pas. Il se mit au travail avec une persévérance et une énergie bien rares ; comme tout bon Français à cette époque, il avait fait le sacrifice de sa vie à la patrie ; il n’hésita pas davantage à lui faire celui de sa popularité. Ce fut lui, qui, dans une réunion plénière des maires et des adjoints, osa, le premier, proposer le rationnement. Il s’éleva une clameur. M. J. Ferry venait d’évoquer le véritable spectre des sièges, le spectre de la famine. L’inquiétude, l’épouvante gagnèrent les esprits ; on n’avait point pensé, on n’avait pas voulu penser au jour où les vivres manqueraient.

« Jusqu’à quelle date pourrez-vous nous fournir du pain ? demanda quelqu’un tout effaré.

— Je le sais à un jour près, répondit M. Jules Ferry. Mais vous me couperez la langue avant que je le dise, car c’est le secret de la défense et nul ne doit le savoir en dehors du gouvernement.

On ne pardonna point, chose absurde, incroyable, à cet homme vaillant et prévoyant la vigueur qu’il déploya pour pouvoir prolonger la défense.