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Longue et rude fut la bataille, qui d’ailleurs n’est pas finie. Elle commença, voilà sept ans. Le 6 juin 1876, première proposition d’une loi rétablissant le divorce, par Alfred Naquet. « Je fus accueilli par des éclats de rire », nous dit-il au début de son livre, le Divorce, abondamment fourni de raisons et d’exemples, attachant au possible, et qui compte plusieurs éditions. Combien, je le répète, est inexpugnable en France la routine, on le voit aux rires inconscients de cette Chambre de 1876, de si libérale pourtant et si honorable mémoire. Le régime de 1816, œuvre de Basile et Carabas, était devenu au pays de 89 une habitude invétérée. Le 4 décembre, un rapport de M. Constans conclut à la non prise en considération, et cette conclusion arrivait à l’ordre du jour, quand sonna le Seize-Mai. Le 21 mars 1878, deuxième présentation du divorce, et renvoi à la 6e Commission d’initiative, nouvelle conclusion de M. Hippolyte Faure contre la prise en considération. Naquet semble vaincu. L’idée a fait du chemin. La semence a levé, au souffle de l’opinion. Le 27 mai 1879, duel de tribune entre Naquet et le rapporteur, M. Faure. La sixième est battue, le divorce est pris en considération.