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de grand esprit qui se savait ou se croyait le moins beau des hommes. L’ex-prisonnier de Ham, dont l’honneur des familles était le moindre souci, se garda bien de rééditer son « palladium. » Cela lui eût attiré des ennuis avec ses curés et avec sa femme. Et tant le préjugé pousse vite et profond des racines indestructibles en France, que seuls les nombreux intéressés au divorce en invoquaient tout bas, trop bas, le retour. La masse avait pris son parti de la séparation de corps, et les choses eussent été ainsi, bêtement, indéfiniment, la troisième République eût passé outre, s’il ne s’était trouvé là un homme de cœur qui, ayant souffert, ne voulut pas laisser plus longtemps souffrir les autres, un homme de persuasive éloquence et de ténacité indomptable, Naquet.

Oui, il avait beaucoup souffert. Une union contractée par lui s’était rompue à la longue et à l’amiable, avec quels déchirements ! pour cause de mésintelligence religieuse. L’Église avait violé le domicile conjugal, et arraché l’épouse à l’époux. Sot calcul ! Pour une femme qu’elle a prise, combien en aura-t-elle perdues ! Naquet pensa que le divorce est une réforme indispensable, et il s’y voua.