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vres âmes le réclamera il étudiera encore. Bien fourré dans sa houppelande, il dira à ceux qui viendront le trouver : ah laissez-moi !… » Le bon abbé qui prédisait ainsi à M. Renan sous une forme pittoresque et naïve son dilettantisme implacable avait raison, et raison aussi ce M. Gottofrey, un autre maître d’Issy, qui s’épouvanta de la voluptueuse manie d’étude de son élève jusqu’à lui dire, un jour, comme illuminé de la vision de l’avenir : « Vous n’êtes pas chrétien !… »

Chrétien, certes, M. Renan l’était encore, et quoiqu’une acharnée curiosité l’eût déjà conduit à une sorte de scepticisme philosophique tout voisin du scepticisme religieux ; il pouvait se répéter les vers du vieux Brucker :

Percurri, fateor, sectas attentius omnes.
Plurima quœsivi, per singula quœque cucurri ;
Nec quidquam inveni melius quâm credere Christo
[1].

Et il dut se les redire en effet lorsque, passant du séminaire d’Issy à celui de Saint-Sulpice, il fit cette démarche presque irréparable à la suite

  1. J’ai parcouru, je l’avoue, toutes les sectes ; — j’ai bien cherché, j’ai bien couru. — Je n’ai rien trouvé de meilleur que la foi au Christ.