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tout auprès une imitation de la santa casa de Lorette, — n’était-ce point là un cadre tout préparé pour la rêverie, érudite à la fois et dévote, d’une âme qui se croyait chrétienne, et qui notait déjà plus que curieuse, sentimentale et poétique ? « Mon premier idéal, a dit M. Renan, est une froide charmille janséniste du xviie siècle, avec l’impression vive de l’air et l’odeur pénétrante des feuilles tombées. Je ne vois jamais une vieille maison française de Seine-et-Oise ou de Seine-et-Marne, avec son jardin aux palissades taillées, sans que mon imagination me représente les livres austères qu’on a lus jadis sous ces allées… » Il faudrait rapprocher de cette phrase significative les pages du Volupté de Sainte-Beuve où Amaury raconte les promenades de ses après-midi d’automne, en compagnie d’un recueil de ces élégies antiques où il est parlé des jours qui s’écoulent, de la jeunesse qui ne reviendra pas. Sans que M. Renan s’en doutât encore, il passait déjà en lui un peu de ce frisson de mélancolique épicurisme qui lui a inspiré les étranges et admirables fragments de son Eau de Jouvence. Mais Amaury associait aux nostalgies des jours passés le désir de la femme aux lèvres parfu-