ans et demi. Sa famille accepta cette chance inespérée d’une éducation exceptionnelle avec l’enthousiasme qu’on devine. « Nous n’eûmes pas le temps de la réflexion, dit M. Renan. J’étais en vacances chez un ami, dans un village près Tréguier ; le 4 septembre, dans l’après-midi, un exprès vint me chercher. Je me rappelle ce retour comme si c’était d’hier. Il y avait une lieue à faire à pied à travers la campagne. L’Angelus du soir se répondant de paroisse en paroisse répandait dans l’air quelque chose de calme, de doux et de mélancolique, image de la vie que j’allais quitter pour toujours… » Le 7 du même mois, le petit Breton entrait dans la grande maison d’instruction religieuse dont l’abbé Dupanloup avait fait la pépinière des futurs combattants du bon combat. En ses heures de doute — et qui n’en a pas, même parmi les enthousiastes ? — l’évêque d’Orléans a dû songer souvent à cet appel par lui adressé à un de ceux qu’il considérait comme le pire ennemi peut-être de tout ce qu’il aimait !
« Oui, un lama bouddhiste, ou un fakir musulman transporté en un clin d’œil d’Asie en plein boulevard, serait moins surpris que je ne le fus en tombant subitement dans un milieu