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œuvre idéale, car le reste est secondaire, infime, presque honteux, ignominia seculi ; la seconde, que le christianisme est le résumé de tout idéal… » Il n’est pas besoin d’avoir lu beaucoup des livres de M. Renan pour constater que s’il a donné à ces deux vérités un sens de plus en plus subtil et raffiné, il n’a jamais cessé d’y subordonner son action et sa rêverie.

On a souvent remarqué, à l’occasion de l’auteur de la Vie de Jésus, que l’éducation religieuse avait chez lui, comme chez beaucoup d’autres, laissé une trace ineffaçable. Il y a une sorte d’onction presque sacerdotale dans son éloquence, qui trahit cette première empreinte. Les critiques hostiles et superficiels ont pu le regretter ou s’en affliger. Il me semble que nous aurions perdu à ce que cette trace fût tout à fait absente des œuvres de M. Renan. On oublie trop, quand on adresse un tel reproche à un historien des religions, que le grand instrument divinatoire est la sympathie, et que pour pénétrer avec une suprême délicatesse dans les consciences des croyants des anciens temps, il faut, soi-même, non seulement avoir eu la foi, mais en avoir gardé la nostalgie, partant l’intelligence. Quand un homme