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Feuillet a obtenu des succès éclatants et il est le plus complet exemple de l’injustice qu’il y a à refuser à tout conteur les qualités qui font le dramaturge. Et pourquoi un romancier qui, dans son livre, est son propre metteur en scène, son propre décorateur, son et ses propres acteurs, ne serait-il pas l’homme de ces planches poudreuses, moins difficiles à animer qu’une rame de papier ? L’auteur de Montjoie — une œuvre hors de pair — de Dalila, du Jeune homme pauvre, du Cheveu blanc, de l’Acrobate, de Rédemption, du Sphinx et du Roman parisien (tant de pièces centenaires), a sa maîtrise, au théâtre comme dans le livre. Il y réussit par ces mêmes qualités de sentiment et de style, de charme pénétrant et de puissance rare qui, tour à tour, emportent une salle et mettent au coin des yeux des spectateurs une larme douce.

« Ô cœur humain ! ô corps humain ! » s’écrie, dans la plus terrible et la plus courte de ses comédies, Alexandre Dumas fils. M. Octave Feuillet a parfois déshabillé le corps humain, mais c’est le cœur humain, dans ses plus intimes replis, qu’il a étudié et analysé, dont il a compté les battements et noté les douleurs. Là est son œuvre. Il s’est moins occupé de