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joie, que nous coudoyons tous les jours, pratiquent si peu cette facile méthode. Mais c’est le charme même de ces romans de nous montrer à la fois la vie de certaines créatures telle qu’elle a duré, puis telle qu’elle devrait finir. Au surplus, au fond de l’être le plus vil, de la femme la plus perverse, il est un germe, étouffé parfois, que peut faire entr’ouvrir une larme. Il n’est pas défendu de la verser, cette larme, et de montrer quelque chose comme l’épanouissement du germe ignoré. Cela console. On oublie. Il suffit d’une conversion et d’une rédemption pour faire oublier bien des incorrigibles. Le difficile, c’est moins de trouver les pénitents et les pénitentes (il en est beaucoup) qu’un rédempteur comme M. Feuillet, et je n’en connais pas d’autre.

J’ai traversé naguère la Bretagne ; j’ai voulu voir la tour d’Elven où le jeune homme pauvre a passé. Pour tout voyageur sentimental, un héros de roman est aussi vivant qu’un personnage de l’histoire. Duguesclin a fait sonner sans doute ses éperons à Elven. Ce n’est pourtant pas Duguesclin que j’y ai vu, c’est le héros de M. Feuillet. On les comprend, quand on a vu ces vieux châteaux de province, les ro-