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pauvre a des qualités rares de récits d’invention, d’émotion, mais Camors est autrement vivant et saisissant. Là encore le roman est mâle, hardi et puissant. Les audacieux d’aujourd’hui n’ont rien imaginé de plus saisissant que le début de ce livre, le débauché souffleté par le chiffonnier.

M. de Camors est un peu une épreuve nouvelle d’un personnage très saisissant de Feuillet, Montjoie. La comédie remarquable s’est faite admirable roman. Montjoie, comme Camors, est un homme fort, ennemi de ce qu’il appelait le bleu dans les sentiments et tout prêt à voir couler, sans trouble aucun, « les larmes des femmes et le sang des hommes ». Entre ces deux caractères, la seule différence qui existe, c’est que Montjoie, homme d’affaires véreuses, enrichi par une série de spéculations louches, s’inquiète fort peu de l’honnêteté, tandis que M. de Camors, tout ambiteux et débauché qu’il est, se promet pourtant de garder intact en lui un sentiment, celui de l’honneur.

Il est plusieurs sortes d’honneurs, sans doute. L’honneur de Camors est celui du mondain et du gentleman. Cela ne suffit pas. Regardez-le. Est-il assez élégant, assez séduisant, assez intel-