Page:Collectif - Célébrités contemporaines, Vol 2, 1883.djvu/137

Cette page n’est pas destinée à être corrigée.

le Journal d’une femme, M. Feuillet a parfois poussé plus loin les choses, mais je ne sais quelle chevalerie de dévouement et quels scrupules d’homme d’honneur apparaissent tout à coup dans le roman et font ressouvenir, en ces hardiesses mêmes, des délicatesses d’autrefois. Ce qui est certain, c’est que M. Feuillet connaît la femme. Un peintre de portraits vit surtout par ses portraits de femmes. La postérité, comme la police, cherche la femme partout. L’auteur de Julie a sondé ces âmes féminines. Il a surpris leurs rêveries accoudées, écouté leurs confidences qui soupiraient, entendu gronder leurs révoltes. « Toutes les femmes n’ont certes pas fait ce que Feuillet fait faire à ses héroïnes, me disait avec franchise une fine Parisienne, très charmante et fort raisonnable, mais toutes ont rêvé cela, rêvassé si vous voulez ! La femme est un grand enfant qu’on ne berce plus mais qui se berce elle-même de chimères. »

Une femme de Feuillet, car le nom est courant maintenant, des mieux étudiées par l’auteur c’est la Julie de son drame, Julie de Cambre. Le cœur vide, le cerveau inoccupé, la vie dépensée en parties de cheval, en courses dans les