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Octave Feuillet est, en effet, pénétré de ces poésies familiales qui donnent une saveur douce aux œuvres humaines. Je ne sais quel critique ou plutôt je sais bien quel critique fantaisiste disait un jour, en parlant de la Jeunesse d’Émile Augier, que le poète avait « mis des ailes au pot-au-feu ». Ne médisons ni du pot-au-feu ni de la bouilloire. De grands poètes ont fait de beaux rêves bercés au sifflement de l’un et au ron-ron de l’autre. On n’est point, comme on l’affirme, un bourgeois parce qu’on a, dans ce monde, un foyer et qu’on loge ses amours sous le grand manteau de la cheminée de famille. Chacun des romans de ce poète pénétrant, depuis la Petite Comtesse jusqu’à l’Histoire d’une Parisienne en passant par le Roman d’un jeune homme pauvre, l’Histoire de Sibylle, Monsieur de Camors, Julia de Trécœur, les Amours de Philippe, chacun de ces livres d’un charme aiguisé, irrésistible, d’une essence supérieure et d’un grain très fin, semble donner raison à ce joli mot de Vitet parlant de Rédemption, de l’Urne, du Village et du Fruit défendu : « La dernière de vos œuvres qu’on regarde est toujours celle qu’on croit aimer le plus. »

Dans les Scènes et Proverbes de Feuillet et